Archives mensuelles : septembre 2023

« sonder les âmes afin d’y déceler la moindre trace d’hérésie »

Par Hervé Denès
Extraits de Douceur de l’aube – Souvenirs doux-amers d’un Parisien dans la Chine de Mao
(L’Insomniaque éditeur, 2015)

(Titre modifié)

* * *

Présentation de l’éditeur :

A l’automne 1964, un jeune Parisien, étudiant de chinois, est recruté pour enseigner le français à l’Université de Nankin. Le jeune homme est vite confronté à la méfiance paranoïaque du Parti, qui va lui interdire toute rencontre authentique avec les Chinois, dont il est venu apprendre la langue. Malgré cela, il va nouer un lien amoureux avec une de ses élèves : Hsi Hsiao-jeou (Douceur de l’aube). Ils se fréquentent dans la clandestinité pendant un an. Le jeune sinisant découvre les travers d’une société sclérosée par la peur qu’inspirent le Parti et sa police : vie de caserne, puritanisme, interdiction de voyager, surveillance et délation… Le pays est à la veille de la « révolution » « culturelle », gigantesque manipulation orchestrée par Mao, et la situation des deux amants devient intenable. La jeune fille disparaît. Le Parisien est renvoyé sur les bords de la Seine, et cette période de sa vie demeurera une plaie jamais refermée.

Continuer la lecture

Rosa Luxembourg « anarchiste » ?

Par René Berthier
Extrait de Affinités non électives : A propos du livre d’Olivier Besancenot et Michaël Löwy, Pour un dialogue sans langue de bois entre libertaires et marxistes
(Coédition Les éditions du monde libertaire et Les éditions libertaires, novembre 2015)

* * *

Rosa Luxembourg « anarchiste » ?

par René Berthier

Rosa Luxembourg était très affectée par les accusations d’« anarchisme » proférées par les dirigeants social-démocrates allemands. Bien entendu, il ne faut pas prendre cette accusation au sérieux. En effet, étaient alors accusés d’anarchisme tous les militants qui préconisaient la grève générale et qui émettaient des réserves sur l’action parlementaire. Aucune différence n’était faite, par exemple, entre syndicalistes révolutionnaires et anarchistes.

En réalité, Rosa Luxembourg était férocement anti-anarchiste. Dans sa brochure Grève de masse, Parti et syndicats, parue en 1905, elle s’interroge sur le rôle joué par l’anarchisme pendant la révolution russe de 1905 :

« Il est devenu l’enseigne de voleurs et de pillards vulgaires : c’est sous la raison sociale de “l’anarcho-communisme” qu’ont été commis une grande partie de ces innombrables vols et brigandages chez les particuliers, qui, dans chaque période de dépression, de reflux momentané de la révolution, font ravage. L’anarchisme dans la révolution russe n’est pas la théorie du prolétariat militant mais l’enseigne idéologique du lumpenprolétariat contre-révolutionnaire fondant comme une bande de requins dans le sillage du navire de guerre de la révolution. Et c’est ainsi sans doute que finit la carrière historique de l’anarchisme. »

Continuer la lecture